LA FORTUNE DE GASPARD
   La comtesse de Ségur

Gaspard est un garçon très sérieux, et il préfère l'école au travaux des champs. Souvent, plutôt que d'aider à la ferme, comme le lui demande son père, il va à l'école... le maître le gronde un peu.

Notez comme les gens dans l'entourage de Gaspard essaient de compatir avec lui malgré quelques reproches.

Il n'y a pas de mais, mon ami ; il faut obéir à ton père, tu sais. Tu es bon garçon, bien studieux, bien intelligent, bien habile. Tu feras ton chemin, je te le promets ; mais plus tard, quand ton père te laissera faire. Gaspard se leva en soupirant et suivit lentement Lucas, qui trépignait d'impatience à la porte. Quand ils furent sortis du village, Lucas se mit à courir.
- Viens vite, Gaspard, dépêche-toi. Si tu savais comme mon père est en colère ! Nous attendions le déjeuner qui était en retard ! Il a été voir pourquoi tu ne l'apportais pas, et il n'était pas déjà trop content. Mais quand il a vu que tu n'avais pas aidé maman à battre son beurre et que tu étais parti pour l'école, que la pauvre maman était si fatiguée qu'elle ne pouvait plus tourner la baratte, et que le beurre n'avait pas pris, il a été d'une colère à nous faire tous trembler. Bien sûr, il va te battre. Il a été couper une gaule dans le bois ; je crains que ce ne soit pour toi. Gaspard hâta le pas et se mit à pleurer.
- Mon Dieu ! Mon Dieu ! Que vais-je devenir ? Quand il est en colère, il n'écoute rien, il tape comme sur une gerbe de blé.

Il courait pourtant ; Lucas courait plus vite encore, espérant adoucir son père avant que Gaspard l'eût rejoint. Mais Gaspard avait perdu du temps à se décider à quitter la classe ; il avait marché lentement jusqu'après la sortie du village. La colère du père avait augmenté au lieu de diminuer. Quand il les aperçut, il alla au-devant d'eux, et, sans écouter les supplications de Lucas, sans avoir égard à la terreur de Gaspard, sans dire une parole, il saisit Gaspard par les cheveux, et, avec la gaule qu'il tenait à la main, il lui administra une si rude correction, que Gaspard commença par crier grâce et pardon, puis par pousser des cris lamentables qui firent accourir la mère et les gens de la ferme.

La mère se jeta sur le bras de son mari et lui arracha la gaule qu'il avait si rudement employée.
LA MÈRE THOMAS : Tu as tapé trop fort Thomas. Quand tu es en colère, tu ne sais plus ce que tu fais.
LE PÈRE THOMAS : Oui, j'ai tapé pour qu'il le sente, et s'il recommence, je taperai plus fort encore. Gaspard pleurait, Lucas pleurait la mère Thomas était mécontente, le père Thomas n'était pas content, et les garçons et les filles de ferme se groupèrent autour de Gaspard et de Lucas pour les consoler.
UNE FILLE DE FERME : Ne pleure pas, mon Lucas ; tu ne seras pas battu, toi.
UNE AUTRE FILLE : Ah ! pour ça, non ; ce n'est pas toi qui te sauverais à l'école de peur de l'ouvrage.
UN GARÇON DE FERME : Voyons, Gaspard, faut pas pleurer, mon garçon. Ce qui est fini est fini et ne recommencera pas.
UN AUTRE GARÇON : Tu n'es pas le seul qui ait été battu ; je l'ai bien été, moi aussi, et je m'en porte pas plus mal.
UNE FILLE : Sans compter que tu n'avais pas raison de courir à l'école et de nous laisser tous jeûner.
UNE AUTRE FILLE : Et de laisser ta mère s'échiner après le beurre, sans seulement lui donner un coup de main.
LE PÈRE THOMAS : Aurez-vous bientôt fini, vous autres ? L'ouvrage est en retard à cause de ce grand paresseux. Allons ! Que chacun prenne sa fourche et son râteau, et aux champs ! Marche en avant, toi, savant ; je finirai bien par t'apprendre ce que tu sembles ne pas savoir encore, qu'il n'est pas bon de me mettre en colère.


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