Le
Loup et l'agneau, Ésope - Un loup, voyant un agneau
qui buvait à une rivière, voulut alléguer
un prétexte | spécieux
pour le dévorer. C'est pourquoi, bien qu'il fût lui-même
en amont, il l'accusa de troubler
l'eau et de l'empêcher de boire. L'agneau répondit qu'il
ne buvait que du bout des lèvres, et que
d'ailleurs, étant à l'aval, il ne pouvait
troubler l'eau à l'amont. Le loup, ayant manqué
son effet, reprit : - Mais l'an passé tu as insulté
mon père. - Je n'étais pas même né à cette époque,
répondit l'agneau. Alors le loup reprit : - Quelle que soit
ta facilité à te justifier,
je ne t'en mangerai pas moins. Cette fable montre qu'auprès
des gens décidés à faire le mal la plus
juste défense reste sans effet.
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LE LOUP ET L'AGNEAU
La Fontaine
La raison
du plus fort est toujours la meilleure
Nous l'allons le montrer tout à l'heure.
Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde
pure.
Un loup survient à jeun qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage
?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l'agneau, que votre
Majesté
Ne se mette pas en colère ;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me va désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d'elle,
Et que par conséquent, en aucune
façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né ?
Reprit l'agneau, je tète encore ma mère.
- Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point.
- C'est donc quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.
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