La Tortue et le lièvre, Ésope
- La
tortue et le lièvre disputaient
qui était le plus vite. En conséquence
ils fixèrent un jour et un endroit et se séparèrent. Or
le lièvre, confiant dans sa vitesse naturelle, ne se pressa
pas de partir ; il se coucha au bord de la route et s'endormit
; mais la tortue, qui avait conscience
de sa lenteur, ne cessa de courir, et, prenant ainsi l'avance
sur le lièvre endormi, elle arriva au but
et gagna le prix. |
LE LIÈVRE ET LA
TORTUE
La Fontaine
Rien ne sert de courir ;
il faut partir à point.
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez
point
Sitôt que moi ce but. - Sitôt ? Êtes-vous
sage ?
Repartit l'animal léger
Ma commère, il vous faut purger
Avec quatre grains d'ellébore.
- Sage ou non, je parie encore.
Ainsi fut fait : et de tous deux
On mit près du but les enjeux :
Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
Ni de quel juge l'on convint.
Notre Lièvre n'avait que quatre pas à faire ;
J'entends de ceux qu'il fait lorsque près d'être
atteint
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
Pour dormir, et pour écouter
D'où vient le vent, il laisse la tortue
Aller son train de sénateur.
Elle part, elle s'évertue ;
Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
Tient la gageure à peu de gloire,
Croit qu'il y va de son honneur
De partir tard. Il broute, il se repose,
Il s'amuse à toute autre chose
Qu'à la gageure. À la fin quand il vit
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
Il partit comme un trait ; mais les élans
qu'il fit
Furent vains : la Tortue arriva la première.
Eh bien ! Lui cria-t-elle, avais-je pas raison ?
De quoi vous sert votre vitesse ?
Moi, l'emporter ! Et que serait-ce
Si vous portiez une maison ?
|