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LE RENARD ET LE BOUC
(Les Fables) |
La
Fontaine et Ésope |
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Le
Renard et le bouc, Ésope -
Un renard étant tombé dans un puits se
vit forcé d'y rester. Or un bouc
pressé par la soif étant venu au même puits,
aperçut le renard et lui demanda si l'eau
était bonne. Le renard, faisant contre mauvaise
fortune bon cœur, fit un grand éloge
de l'eau, affirmant qu'elle était excellente, et il l'engagea
à descendre. Le bouc descendit à l'étourdie,
n'écoutant que son désir. Quand il eut étanché sa
soif, il se consulta avec le renard sur le moyen
de remonter. Le renard prit la parole et dit : - J'ai un
moyen, pour peu que tu désires | notre
salut | commun. Veuille
bien appuyer tes pieds de devant contre le mur et dresser
tes cornes en l'air ; je remonterai par
là, après quoi je te reguinderai, toi aussi.
Le bouc se prêta | avec complaisance
à sa proposition, et le renard, grimpant
lestement le long des jambes, des épaules
et des cornes de son compagnon, se trouva à l'orifice
du puits, et aussitôt s'éloigna. Comme le bouc lui reprochait
de violer leur convention,
le renard se retourna et dit : - Hé ! Camarade, si tu avais
autant d'idées que de poils au menton, tu ne serais pas
descendu avant d'avoir examiné le moyen de remonter. C'est
ainsi que les hommes sensés ne doivent
entreprendre aucune action, avant d'en avoir examiné
la fin. |
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LE RENARD ET LE
BOUC
La Fontaine
Capitaine renard
allait de compagnie
Avec son ami bouc des plus haut encornés.
Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez
;
L'autre était passé maître | en fait de tromperie.
La soif les obligea de descendre en un puits.
Là chacun d'eux se désaltère.
Après qu'abondamment tous deux en eurent
pris,
Le renard dit au bouc :
Que ferons-nous, compère ?
Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.
Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi :
Mets-les contre le mur.
Le long de ton échine
Je grimperai premièrement ;
Puis sur tes cornes m'élevant,
À l'aide de cette machine,
De ce lieu-ci je sortirai,
Après quoi je t'en tirerai.
- Par ma barbe, dit l'autre, il est bon ; et je
loue
Les gens bien sensés comme toi.
Je n'aurais jamais, quant à moi,
Trouvé ce secret, je l'avoue.
Le renard sort du puits, laisse son compagnon,
Et vous lui fait un beau sermon
Pour l'exhorter | à patience.
Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence
Autant de jugement que de barbe au menton,
Tu n'aurais pas, à la légère,
Descendu dans ce puits.
Or, adieu, j'en suis hors.
Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts
:
Car pour moi, j'ai certaine affaire
Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.
En toute chose il faut considérer la fin.
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Étude
de texte |
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