CINQ SEMAINES EN BALLON
   Jules Verne

Il s'agit ici d'une decription technique d'un appareil imaginé par l'auteur pour un autre voyage époustouflant, alors que les montgolfières venaient à peine d'étre inventées par les frères de Mongolfier. Le Docteur Fergusson, initiateur de cette expédition nous décrit dans le détail cette merveilleuse machine à voyager.

Un problème de physique à résoudre... beaucoup de chiffres... ayez l'esprit critique.

Le docteur Fergusson s'était préoccupé depuis longtemps des détails de son expédition. On comprend que le ballon, ce merveilleux véhicule destiné à le transporter par air, fût l'objet de sa constante | sollicitude. Tout d'abord, et pour ne pas donner de trop grandes dimensions à l'aérostat, il résolut de le gonfler avec du gaz hydrogène, qui est quatorze fois et demie plus léger que l'air. La production de ce gaz est facile, et c'est celui qui a donné les meilleurs résultats dans les expériences aérostatiques. Le docteur, d'après des calculs très exacts, trouva que, pour les objets indispensables à son voyage et pour son appareil, il devait emporter un poids de quatre mille livres ; il fallut donc rechercher quelle serait la force ascensionnelle capable d'enlever ce poids, et, par conséquent, quelle en serait la capacité. Un poids de quatre mille livres est représenté par un déplacement d'air de quarante-quatre mille huit cent quarante-sept pieds cubes, ce qui revient à dire que quarante-quatre mille huit cent quarante-sept pieds cubes d'air pesant quatre mille livres environ. En donnant au ballon cette capacité de quarante-quatre mille huit cent quarante-sept pieds cubes et en le remplissant, au lieu d'air, de gaz hydrogène, qui, quatorze fois et demie plus léger, ne pèse que deux cent soixante-seize livres, il reste une rupture d'équilibre, soit une différence de trois mille sept cent vingt-quatre livres. C'est cette différence entre le poids du gaz contenu dans le ballon et le poids de l'air environnant qui constitue la force ascensionnelle de l'aérostat. Toutefois, si l'on introduisait dans le ballon les quarante-quatre mille huit cent quarante pieds cubes de gaz dont nous parlons, il serait entièrement rempli ; or cela ne doit pas être, car à mesure que le ballon monte dans les couches moins denses de l'air, le gaz qu'il renferme tend à se dilater et ne tarderait pas à crever l'enveloppe. On ne remplit donc généralement les ballons qu'aux deux tiers. (...)

Si le docteur Fergusson avait pu employer deux ballons, ses chances de réussir se seraient accrues ; en effet, au cas où l'un vient à se rompre dans l'air, on peut en jetant du lest se soutenir au moyen de l'autre. Mais la manœuvre de deux aérostats devient fort difficile, lorsqu'il s'agit de leur conserver une force d'ascension égale. Après avoir longuement réfléchi, Fergusson, par une disposition ingénieuse, réunit les avantages de deux ballons sans en avoir les inconvénients ; il en construisit deux d'inégale grandeur et les renferma l'un dans l'autre. Son ballon extérieur, auquel il conserva les dimensions que nous avons données plus haut, en contint un plus petit, de même forme qui n'eut que quarante-cinq pieds de diamètre | horizontal et soixante-huit pieds de diamètre vertical. La capacité de ce ballon intérieur n'était donc que de soixante-sept mille pieds cubes ; il devait nager dans le fluide qui l'entourait ; une soupape s'ouvrait d'un ballon à l'autre et permettait au besoin de les faire communiquer entre eux. Cette disposition présentait cet avantage que, s'il fallait donner issue au gaz pour descendre, on laisserait échapper d'abord celui du grand ballon ; dut-on même le vider entièrement, le petit resterait intact ; on pouvait alors se débarrasser de l'enveloppe extérieure, comme d'un poids incommode, et le second aérostat, demeuré seul, n'offrait pas au vent la prise que donnent les ballons à demi dégonflés. (...) Le filet destiné à supporter la nacelle fut fait en corde de chanvre d'une très grande solidité ; les deux soupapes devinrent l'objet de soins minutieux, comme l'eût été le gouvernail d'un navire. La nacelle, de forme circulaire et d'un diamètre de quinze pieds, était construite en osier, renforcée par une légère armature de fer et revêtue à la partie inférieure de ressorts élastiques destinés à amortir les chocs.


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